Montréal

Montreal :
jouer pour la plus grande équipe de hockey professionnel de tous les temps!

Les Canadiens de Montréal. Je le répète, qu’est-ce qui pourrait bien surpasser le fait de jouer pour Edmonton, Phoenix et Pittsburgh? Que pensez-vous de jouer pour la plus grande équipe professionnelle de tous les temps; celle qui possède l’histoire la plus riche et qui se trouve dans la ville où vous avez grandi?

Lorsque j’ai reçu l’appel des Canadiens cet été-là et que j’ai dû faire le choix difficile entre Edmonton et Montréal, je n’ai pas pu laisser passer la chance de jouer dans ma ville natale, devant ma famille. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point c’était pénible pour ma mère, qui m’a soutenu pendant toute ma carrière, de m’encourager quand je jouais pour une autre équipe alors qu’elle vivait à Montréal. Cette fois-ci, toutefois, je savais qu’elle serait heureuse d’apprendre ma décision comme d’ailleurs le reste de ma famille qui habitait ici.

Ma première année ne s’est malheureusement pas trop bien déroulée parce que j’ai dû, dès le camp d’entraînement, composer avec des blessures, entre autres la toute dernière, une hernie discale. À un moment donné, j’ai même pensé que la chirurgie ne suffirait pas et que ma carrière était peut-être terminée. Parfois, je ne pouvais même pas bouger parce que la douleur était trop intense. Heureusement, grâce au travail extraordinaire de notre équipe médicale, de nos médecins et des pilules de cortisone, j’ai pu jouer quelques matchs. J’ai, en fait, joué 33 parties en tout. Cette année a donc été pleine de déceptions pour moi et beaucoup d’autres gens et je comprends pourquoi. Pendant tout l’été, il y eu tout un tapage publicitaire à propos des Canadiens qui avaient finalement recruté un dur à cuire. Voyez ce que ça avait donné. Les blessures sont choses courantes au hockey et c’était vraiment la première fois en onze ans de carrière que j’étais autant affligé. Si j’avais au moins pu rester en santé pendant mes deux prochaines saisons à Montréal, cette période n’aurait été qu’un mauvais rêve.

Imaginez donc, pour un instant, le nombre de critiques que j’ai dû endurer parce que je ne jouais pas, parce que j’étais blessé ou parce que je n’étais pas le même joueur que celui de l’année dernière à Pittsburgh. À Montréal, le hockey, c’est comme une religion et l’équipe est constamment talonnée par les médias. Tout est dans les nouvelles et je ne plaisante pas, « tout », même ce qui n’est pas vrai ou exagéré. En tant que joueurs, nous comprenions ça. Alors, nous ne prêtions pas attention à la presse et nous faisions notre travail. La plupart du temps, les sources les plus crédibles qui couvraient notre équipe étaient les personnes qui se trouvaient dans la salle en train d’interviewer les joueurs. On comptait également d’anciens entraîneurs et joueurs de la LNH. En fin de compte, il faut être presqu’insensible pour jouer ici, surtout si on est montréalais. Vous faites toutes les entrevues en français et en anglais et vous comprenez tout ce qui se dit dans les deux langues. Ce n’est pas toujours agréable. Ça faisait longtemps que le Tricolore avait eu un gros bras dans ses rangs. Dès le début, la signature d’un poids lourd a suscité diverses opinions. Donald Brashear avait été le tout dernier joueur de l’équipe a porté le titre de dur à cuire légitime. Il était, sans contredit, le plus redoutable de la LNH et on l’a pratiquement chassé de la ville. À mon arrivée, j’étais prêt à tout. À vrai dire, je m’amusais bien, comme vous avez sûrement pu le remarquer!!!

Malgré tout cela, j’aime jouer ici.
J’aime les fans.

Au cours de ma seconde année, les choses ne se sont pas vraiment améliorées. Je souffrais toujours de blessures graves et, de plus, je jouais pour un entraîneur qui ne croyait pas aux batailles. Alors quand j’avais la chance de me battre pour mon équipe, notre entraîneur Jacques Martin me laissait moisir sur le banc. Le sale boulot n’était pas accompli. Certains pensaient que je ne voulais tout simplement plus me bagarrer parce qu’ils ne savaient évidemment pas la vérité. Et ceci a eu l’effet d’être une grande distraction au sein de l’équipe, à un tel point que le 21 janvier 2010, l’équipe m’a libéré et mon contrat a été racheté pendant l’été de la même année. Je n’avais pu jouer que 28 parties.

Malgré tout cela, j’aimais jouer à Montréal. J’aimais et, encore aujourd’hui, j’aime les fans. En fait, les commentaires négatifs me laissaient plutôt indifférent. Je ne lisais pas les journaux et ne regardais pas non plus les nouvelles du sport à la télévision. Ces histoires sont pour la plupart de la fiction conçue pour doper les cotes d’écoute ou pour vendre des journaux. Tout ce qui était important pour moi, c’était l’appui des joueurs de mon équipe et de mes supporteurs à mon entrée sur la patinoire. C’est ce qui me poussait à donner le maximum. Chaque fois que je mettais les pieds dans la patinoire, je sentais l’encouragement des partisans et, chaque fois que je me bagarrais et qu’ils se tenaient debout pour m’applaudir, ça me donnait des frissons. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de mon recrutement, mais si vous demandiez l’avis de mes coéquipiers à l’époque, ils vous diraient que lorsque je faisais partie de l’équipe, il était évident que les autres équipes nous affrontaient différemment. Et c’est pour cette simple raison que les Canadiens m’avaient engagé!

Alors que je jouais pour les Canadiens de Montréal, je me suis vraiment impliqué dans la communauté. J’ai aidé de nombreuses œuvres de bienfaisance pour tenter de faire une différence et être un modèle de rôle formidable pour les enfants de la place. Je suis devenu si actif au sein de la Fondation des Canadiens pour l’enfance que l’équipe a dû assigner une personne (Geneviève) pour planifier tous mes rendez-vous chaque semaine. Les trois autres équipes pour lesquelles j’ai joué ont dû, elles aussi, m'assigner une personne pour gérer mes nombreuses activités caritatives. Alors à la fin, me retirer en tant que Canadien de Montréal avec un total de 695 matchs dans la LNH à mon actif, je n’ai aucun regret et me compte chanceux d’avoir joué dans la meilleure ligue du monde entier!